jeudi 23 février 2012

Petite réflexion sur l’utilité et l’instrumentalisation des études et du savoir.

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Dans un clan, il y a 10 000 ans, des chasseurs s’en allant chasser maîtrisaient bien cet art : ils y consacraient la majeure partie de leur temps, mais ils réussissaient à se nourrir convenablement.

Puis un jour, un faiblot naquit et survécut. Devenu homme, en partie infirme, il était mésadapté pour la chasse. Ça lui valut bien des reproches, car on ne savait que faire de lui : les femmes à leur besogne, les hommes à la chasse. Que faire d’un « ni femme, ni chasseur » ?

Que pouvait-il apporter au clan ? À leurs yeux: Rien, strictement rien. S’il semait quelque chose, c’était bien de la discorde à propos des ressources alimentaires si précieuses qu’il siphonnait sans contrepartie.

Il se mit donc à errer et à observer les chasseurs s’en allant chasser. Et des années de ressources gaspillées en capital humain et en vivres s’écoulèrent…

Le clan, exaspéré de subventionner ce parasite, le bannit. Plus jamais ils ne le revirent. De quoi s’étaient-ils privés? Jamais ils ne le surent.

Ce qu’ils savaient par contre - et de là l'intérêt - c’est qu’une bouche à nourrir n’était plus des leurs, et que dès son départ, tous bénéficiaient d’une ration de plus.

Ça leur suffisait.

Mais qu’avait-il fait ce cancre pendant toutes ces années ?

L’observation lui permit de construire sa pensée et développer des techniques de chasse mieux adaptées. Il développa aussi des armes plus efficaces qui ne nécessitaient non plus de force brute, mais oh combien d’agilité. Ses découvertes s’en allèrent avec lui, plus jamais le clan ne le revit.

Le clan survécut bien des années durant, jusqu’au jour où la nourriture vint à manquer : la croissance des clans rivaux avait décimé tout le gibier en amont. Jamais ils n’avaient vu de telles techniques de chasse, mais surtout, jamais ils n'avaient vu une proportion si petite de chasseurs pour une population si vaste. Que pouvaient-ils tous bien faire ces « ni femmes, ni chasseurs » ? Jamais ils ne le surent...

Le germe d’évolution avait vu le jour en leur sein, mais sans terreau fertile propice à sa croissance.

L’avenir prospère résiderait-il alors dans l’inconnu ?

Certains croient que oui, d’autres savent que non…

Un chasseur sachant chasser, tel un travailleur trop occupé, est parfois limité par ce qu’il sait. Ou serait-ce une grâce bienveillante ?

Et maintenant ?

La société a des postes précis à pourvoir, alors à quoi bon investir collectivement dans un domaine du savoir auquel aucun poste n'est à prévoir, d’autant plus en période d’incertitude économique ?

Mais comme nos ancêtres chasseurs, un travailleur s’en allant travailler sera bien peu porté vers ces questions : ce qui lui importe, c’est de savoir ce qui se retrouvera dans son assiette le soir...

Ça lui suffit…

Ne sommes-nous pas tous fils et filles d’hommes des cavernes après tout ?

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